9 septembre 2017
Hier matin, pendant quelques minutes, j'ai pu parler à mon amie Anne Bert et il s'en est fallu de peu que je n'éclate en sanglots tant j'étais émue.
Lorsque j'ai entendu sa jolie voix qui ne trahit rien de ce qu'elle est en train de traverser, j'ai pris conscience que c'était sans doute la dernière fois que je lui parlais avant qu'elle ne parte en Belgique pour y mourir. Et ma gorge s'est étranglée de chagrin.
Alors ici, tout de suite, je veux vous dire qui est Anne Bert pour moi et pourquoi je suis si affectée de savoir que dans quelques semaines elle nous aura quittés.
J'ai connu Anne alors que je commençais à écrire. Mon premier roman venait juste de paraître et on m'avait invitée au Salon du livre érotique d'Évian. C'était en 2012. Anne m'a séduite car j'ai senti en elle une grande force de caractère et beaucoup de générosité.
J'ai acheté ses livres -- "L'eau à la bouche" et "Perle" -- que je me suis empressée de lire à mon retour dans le Tarn. J'ai failli abandonner l'écriture tant j'ai eu le sentiment que ma pauvre tentative -- Échanges virtuels -- était sans intérêt en comparaison de sa superbe prose et je crois bien le lui avoir dit à l'époque.
Une amitié s'est créée entre nous malgré la distance qui nous sépare et je l'ai souvent appelée lorsque j'avais besoin d'un conseil ou d'une opinion. Et chaque fois elle a répondu "présente". Si j'ai pu éviter plusieurs des écueils que rencontrent les auteurs novices, c'est en partie grâce à elle. Et pour cela, je lui suis infiniment reconnaissante.
Nous nous sommes revues, en compagnie de nos maris respectifs, dans le Tarn et à Saintes, et ces retrouvailles m'ont laissé de chaleureux souvenirs.
Puis un jour, elle m'a appelée pour m'annoncer qu'elle était atteinte de cette horrible maladie qu'est la maladie de Charcot. Et là, cette femme de caractère a dévoilé quelque chose d'elle que je n'avais pas encore eu l'occasion de mesurer: son courage inébranlable devant sa mort programmée et une détermination à faire que celle-ci serve à quelque chose.
Il ne se passe pas de jour que je ne me demande ce que je ferais à sa place. Elle sait depuis septembre 2015, lorsque le diagnostic est tombé, qu'il n'y a aucun traitement, que l'issue est rapidement fatale --environ 3 ans après le diagnostic--, que le déroulement de la maladie est une paralysie progressive des muscles volontaires, et donc de tous les membres et de la bouche. Elle a parfaitement conscience qu'il viendra très bientôt un moment où elle ne pourra plus communiquer avec son entourage et qu'elle sera enfermée dans son corps, avec un cerveau qui, lui, continuera de fonctionner normalement, ce qui fait qu'elle sera consciente de l'horrible cauchemar qu'elle est en train de vivre, sans autre moyen de communiquer que ses yeux!
Elle a choisi de ne pas vivre cette terrible agonie et de mettre un terme à sa vie avant qu'elle n'en arrive là; Anne a pris des dispositions pour aller mourir en Belgique où existe une loi sur l'euthanasie et le suicide assisté, une loi qu'on nous refuse en France malgré les promesses qui nous ont été faites par François Hollande qui s'est contenté de faire quelques ridicules modifications à la loi Claeys-Leonetti qui nous autorise, lorsque nous avons été déclaré être en fin de vie, à être mis sous sédation profonde et privé d'alimentation et d'hydratation jusqu'à la mort, ce que vous ne feriez pas à votre chien ou votre chat.
Et voici où Anne montre, une fois encore, quel être exceptionnel elle est. Je ne crois pas me tromper beaucoup en disant que n'importe qui à sa place, une fois les aspects pratiques d'un départ en Belgique ou en Suisse réglés, aurait choisi de profiter des derniers mois de sa vie avec son conjoint, ses enfants et amis proches.
Mais pas Anne!
Elle se bat de puis des mois, elle continue de se battre et le fera, je le sais, jusqu'à la dernière minute, pour qu'une loi du type de la loi belge soit votée en France: Interviews à la radio, à la télé, articles dans les journaux et les magazines, lettres ouvertes à nos dirigeants. Sans relâche, elle livre son dernier combat! Et jamais, jamais, elle ne se laisse aller à jouer la carte du pathos, à faire de sa bataille une affaire personnelle. Non, Anne reste digne, acharnée dans sa lutte, une lutte dont elle sait depuis le début qu'elle n'en tirera aucun bénéfice car il est absolument impossible qu'une loi soit votée et mise en place avant qu'elle ne parte en Belgique.
J'ai essayé cent fois d'imaginer ce que sera ce dernier voyage vers l'hôpital ou la clinique où sera pratiquée l'euthanasie, le parcours vers la Belgique qui durera bien 7 heures, voire davantage, avec son mari et sa fille... l'intensité des émotions qu'ils ressentiront tous les trois en sachant que c'est le dernier... Mais ce que j'imagine n'est rien en comparaison de ce qu'ils vivront et de l'immensité de la tristesse que ressentiront Rémy et Roxane qu'ils rentreront à Saintes...
Les mots me manquent pour dire à quel point je suis révoltée à l'idée qu'elle ne pourra pas mourir chez elle, qu'elle devra vivre ce terrible chemin de croix jusqu'en Belgique pour y mourir.
Et parce que je l'aime, je ne peux pas rester les bras ballants.
C'est pour cette raison et parce que je pense que tous les Français ont le droit de décider de la manière de leur mort lorsque la fin de leur vie approche, que j'ai mis une pétition en ligne et que je bougerai ciel et terre pour qu'elle soit signée par le plus grand nombre de personnes possible. Je prie que nous soyons si nombreux à l'avoir signée que nos dirigeants n'auront d'autre choix que de voter cette loi.
Je suis une indécrottable idéaliste me direz-vous! Oui, sans doute, mais si tous les Français réfléchissent, ne serait-ce que quelques minutes, à l'horreur d'une fin de vie où la seule préoccupation du malade n'est pas de profiter au mieux de ses derniers moments mais d'organiser son transport vers la Belgique ou la Suisse, si tant est qu'il en ait les moyens, ou à ce que vit Vincent Lambert depuis huit ans, alors peut-être allons-nous, ensemble, réussir à faire que cette pétition devienne virale et incontournable.
J'ai mis les liens (plus haut) vers quelques interviews et articles que je vous exhorte à écouter et à lire. Et voici le lien vers ma modeste contribution, le 8 août, au 19/20 de France 3.
Mais le plus important, c'est que vous partagiez ceci avec tous vos amis et que vous alliez sans tarder signer la pétition chez change.org.
JE COMPTE SUR VOUS ET ANNE BERT COMPTE SUR VOUS!
Marie
29 Mai 2014
Ma soeur vient d’être emportée par un cancer. Je n’ai pas pu lui tenir la main et lui dire, une dernière fois, combien je l’aimais, car elle est morte au Canada, alors que je vis en France.
La moindre des choses est que je fasse ici son éloge.
D’abord et avant tout, Christine était ma grande sœur. Neuf ans nous séparaient mais nous avons toujours été très proches. Elle a été mon idole pendant toute mon adolescence, celle à qui j’aurais voulu ressembler, et dont j’enviais l’immense talent. J’étais si fière d’elle !
Déjà adolescente, elle composait des chansons et s’accompagnait à la guitare. Elle compte parmi les pionnières de l’époque des boîtes à chansons où elle a partagé la scène avec les plus célèbres de nos chanteurs. Mais elle n’a pas écrit que pour elle. Des dizaines d’interprètes québécois et français ont connu le succès grâce à ses chansons, comme on peut le voir sur cette page:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Christine_Charbonneau
J'’ai le cœur plein de larmes mais malgré la tristesse qui m’étrangle la gorge, j’ai la certitude que Christine ne restera pas que dans la mémoire de ses quatre enfants, des hommes qui l’ont aimée, et de sa famille. Ses chansons, ses livres, ses tableaux, car elle peignait aussi avec talent, sont autant de souvenirs d’elle que ses compatriotes partageront encore longtemps.
Christine était persuadée que la mort n’est qu’un passage vers une autre lumière. Elle savait qu’elle retrouverait ceux qui sont partis avant elle et de ce fait, elle n'avait pas peur de mourir.
Christine, si ce que tu croyais est vrai, alors tu sais que je t’aime et que tu me manques déjà…
Ta petite sœur. XXX